Il m’est difficile d’écrire cet article, bien plus que les précédents. J’admets qu’il m’est plus facile d’écrire sur la honte, la souffrance, la peur, le mal de simplement exister dans ce monde cruel. Mais écrire sur les choses gaies, cela relève un vrai défi.
Toute ma vie j’adhérais à cette histoire, celle qui racontait ma vie, j’ai trouvé une certaine romance à mes souffrances. Naïve que j’étais, j’imaginais que j’étais un personnage dans un romain auquel pleins de choses arrivent. Aujourd’hui je me rends compte que je ne suis pas seulement le personnage, mais le narrateur, le réalisateur, et dans certaines instances même l’écrivain.
Spoiler alerte : ce chemin n’est pas pour tout le monde, choisir de guérir n’est pas pour les faibles, vous êtes prévenus. Faudra accepter volontiers de défier tout ce que vous aviez tenu pour acquis toute votre vie, accepter de vous éparpiller en mille morceaux, faire le tri dans vos convictions, et vous reconstruire à nouveau. Avant d’arriver à vous considérer comme une nouvelle personne, il faudra parcourir des déserts de doutes, faire face à vos démons, être totalement perdus avant de vous retrouver. Vous auriez besoin de faire la paix avec l’incertitude, accepter volontiers de marcher dans le noir un long moment avant de retrouver la lumière.
Mais de l’autre côté de tunnel se trouve la délivrance, des chaines qui m’ont gardée prisonnière toute ma vie. J’ai accepté de détruire les murs autour de moi, ces mêmes mures qui m’ont gardé en sécurité face à l’inconnu, étaient ma prison personnelle, et mon enfer sur terre. Je me sens toute fragile et à découvert, plus d’endroit pour me cacher contre un quelconque danger, mais la vie n’a pas besoin d’être un champ de bataille. J’avais acquis assez de compétence pour faire face à tout ce qui peut croiser mon chemin, il faudra juste que j’aie plus de confiance en moi, ce syndrome d’imposteur finira par se dissiper.
De l’autre coté du tunnel se trouve également de la joie, la simple réalisation que nous sommes sur terre pour avoir la plus belle des expériences, je suis exactement au bon endroit au bon moment, tout ce que j’ai vécu étais censé me préparer à ce qui va venir, me donner les outils pour naviguer le monde. Mon chemin m’appartient à moi seule, je ne suis en compétition avec personne, je ne suis ni en retard ni en avance, alors je peux finalement relaxer et profiter du paysage.
Finalement me comprendre me permet de comprendre que toute la peur que je ressentais face à certaines situations était là pour une raison : sois me garder en sécurité face à une situation en dehors de mon contrôle et que je n’étais pas prête à affronter, ou pour me montrer exactement ce que je devais faire pour aller de l’avant. Maintenant je suis un peu plus sage pour faire la différence entre les deux.
Ce chemin va aussi mettre la lumière sur des parties de vous dont vous ignorer sans doute l’existence, enfouies profondément dans votre subconscient ou oubliées depuis longtemps. Même invisibles elles se manifestent dans les décisions que vous prenez tous les jours, de ce que vous faites de votre vie, aux petits détails qui s’accumulent avec le temps, vous réaliser que vous vous autosabotez, pour faire plaisir à ses petites parties inconnus. Avoir le courage de se chercher dans l’ombre et ramener ces parties à la lumière sera d’une grande bravoure. Vous réalisez avec stupéfaction que vous être votre propre sauveur, celui que votre version la plus jeune a toujours attendue, et vous êtes là pour elle.
La guérison veut également dire qu’il faut accepter de laisser le temps au temps, suivre votre propre rythme, il faudra des mois et des années pour changer, s’attendre que tout s’arrange du jour au lendemain ne vous apportera que de la frustration. Prenez un moment pour vous arrêter et regarder tout le chemin que vous avez parcouru, peut importe que vous avanciez lentement, du moment que vous êtes sur le bon chemin, la vie mérite d’être vécue.
Pour finir je m’approprie tout ce qui me définit, ce qui me rends unique. Alien, fille bizarre, vielle fille vivant seule avec son chat, un peu à la marge de la société, louve solitaire qui cherche son chemin et sa meute, je n’ai plus honte de la vie que j’ai choisi pour moi. J’essaye de vivre le reste de ma vie en harmonie et en paix, j’accepte que mon entourage ne comprenne peut-être pas pourquoi j’ai choisi de vivre ainsi au lieu d’adhérer à ce qui est considéré comme normal. J’ai finalement la liberté d’être authentique.