Aujourd’hui je suis perdue, j’ai laissé entendre dans mes précédents articles que je suis cette femme forte qui reprends sa vie en main, qui fait face à ses peurs et ressent le besoin de changer sa vie. Tout ça est bien vrai, mais ceci n’empêche pas que je me sens terriblement triste, car dans mon élan vers la guérison, je me rends compte que des ajustements radicaux doivent suivre, toute chose a un prix, suis-je capable de le payer ?
Nous sommes des êtres sociables, nous sommes conçus pour vivre dans une communauté, nous avons tous besoin d’un support pour faire face à la vie. Avec notre mode de vie moderne, ce schéma s’est malheureusement dissipé, et cela m’attriste au plus haut point. Je dois m’avouer que derrière cette façade de femme forte et indépendante, se cache une petite Alien qui veut être comprise et aimée pour qui elle es. Assoiffé pour une connexion profonde et authentique, elle veut simplement pouvoir être elle-même dans ce monde ou tout le monde pense qu’être vulnérable est une faiblesse, elle en a marre de jouer le jeu, elle veut juste enlever son masque et dire « voilà qui je suis », et que ça soit assez.
Ma sensibilité est telle des cordes de pianos, le moindre souffle donnera une belle mélodie, la beauté en toute chose me traverse et me déchire, j’en ai le souffle coupé, au point que je mets des barricades autour de moi pour me protéger. Pensez à ces enfants nés sans système immunitaire, ils sont d’une telle fragilité qu’ils sont condamné à vivre dans une bulle, un seul rhume les achèvera.
J’ai l’impression que lors de ma naissance, ont a omis de me remettre quelque chose, un guide sur comment vivre. Imaginez arriver à une fête masquée avec vos vêtements de tous les jours, alors je me compose un masque afin de m’intégrer, mais je suis fatiguée de devoir me modeler, d’être tout le temps sur mes gardes, le masque va tomber, et tout le monde verra que je ne suis qu’une parodie de moi-même, je porte ce foutu masque depuis si longtemps que je ne sais plus qui je suis en réalité.
J’ai cru que mon diagnostic m’apportera des réponses, et ce fut le cas pour un bout de temps. J’étais tout excitée à l’idée d’avoir finalement une réponse à des questions restées sans réponses pendant toute une vie, mais ça n’enlève pas mon sentiment de décalage. Une explication ne changera pas qui je suis au plus profond de moi, je reste une Alien à mes yeux et aux yeux de la société, j’essaie d’accepter les choses pour qu’elles sont, mais ça n’enlève rien à ma solitude, ni à mon besoin d’être entendue et comprise.
Ce qui est encore plus dure, c’est que dans ce combat, il faut savoir choisir ses alliés, et faire le tri dans les connexions qui nous ne rapporte plus de paix. Rien n’est plus dure que couper les ponts avec des gens pour lesquels nous avons un grand amour, pour tous les moments que nous avons pu partager ensemble. Tout l’amour que vous pouvez leur porter ne valle rien devant comment ils vous font sentir, des connexions que vous avez pris des années à former finies, car ces gens veulent l’ancienne version de toi, celle qui était là pour eux, et s’étonnent de vous voir leur demander du respect et de l’amour en retour.
Arriver finalement à s’aimer et être là pour soi-même nous ouvre les yeux, nous débarrasse de l’histoire qui a régi notre vie, nous arrivons finalement à concevoir que nous méritons d’être aimés pour qui nous sommes. Mais nous permet également de se rendre compte de qui sont nos vrais amis, nos vrais alliés. Quant nous nous respectons assez, nous avons le courage d’imposer nos limites. Quand nous sommes plus régis par la peur, nous n’agissons plus selon nos instincts (réaction de lutte ou de fuite), nous arrêtons de vouloir plaire au gens pour survivre, et nous arrivons à voir ces gens pour qui ils sont, et non l’image projetée par nos insécurités.
La vie est ainsi, l’ombre et la lumière, le yin et le yang, je comprends bien tout ceci, mais de tels changements qui arrivent aussi vite, chamboulent tout un système de croyance ancré si profonds en nous n’est pas une chose facile. Je suis reconnaissante à ce changement car il m’a permis d’aller mieux, de me voir sous une autre lumière et m’accepter, mais le revers de la médaille est tout aussi bouleversant, ça me prendra du temps pour y faire face.