Le jour ou j’ai quitté la matrix, ou le grand réveil spirituel, ça n’a pas été aussi magique qu’on puisse l’imaginer, mais j’en suis bien reconnaissante.
Ce jour la commença de manière habituelle, le travail fini, je rentre chez moi ravie à l’idée de fumer un joint que mon amie m’a filé, seule lueur d’espoir dans ma vie chaotique.
J’occupe le même poste sans issue dans mon entreprise depuis 12 ans et demi, aucune possibilité d’évolution car j’avais montré mon désintérêt total pour le boulot depuis plusieurs années. A part payer les factures et mes escapades en amis, mon travail fait partie de ces taches qu’on accompli en mode autopilote, j’arrive à passer des journées entières sans en garder le moindre souvenir, et les jours se ressemblent tous.
Vie amoureuse inexistante, j’avais perdu le compte de mes déceptions romantiques, la plus récente fut quand je me rendis compte que j’avais perdue une année de ma vie dans une relation à sens unique, un amour non réciproque, rassembler le peu de dignité qui me restait et partir fut une dure décision à prendre. « On est mieux seule que mal accompagnée », mais ça ne m’empêchait pas de me sentir extrêmement seule et trahie.
Coté famille rien de nouveau, je ne parle toujours pas à ma mère, le moindre de ses appels réussit à m’engouffrer plus profondément dans la honte, j’était toujours la fille indigne qu’elle aurait dû avorter, franchement je n’étais pas d’humeur à écouter ses habituels complaintes, alors son dernier appel remonte à des semaines. Ceux avec mon père en revanche était quotidiens, je sais qu’il s’inquiète pour moi, je faisais de mon mieux pour me composer une voix joviale afin qu’il ne détecte pas l’ampleur de ma dépression, mais je me doute que lui aussi faisait semblant, il riait à mes commentaires sur le chat, me pose des questions sur le boulot, des banalités sans importance, je lui suis étrangère, une ombre de sa fille parfaite qui n’existe que dans ses souvenirs.
Bref, ma vie se limitai à ça, j’étais telle une planète qui errait sans étoile, j’avais mon propre champ gravitationnel autour du néant, défiant toutes les lois de la physique, mais je continuais de tourner, en vain, à la recherche de sens à tout ça.
Je ne suis pas une grande fumeuse de beuh, alors il m’en faut vraiment très peu pour me défoncer. Un joint, des vidéos débiles sur YouTube, et je suis tranquille pour une soirée. Mais ce soir-là tout me semblais trop débile, limite irritant, j’opte alors pour un documentaire sur ma liste depuis plusieurs mois, j’avais envie d’apprendre un truc nouveau. Le documentaire était sur l’utilisation des drogues synthétiques et naturelles pour la guérison des maladies mentales ou « how to change your mind », ça m’avait l’air complétement alléchant comme titre, j’étais loin d’imaginer que ça allait vraiment me changer l’esprit.
J’ai déjà été défoncée dans le passé, mais là, je n’ai pas de mots pour le décrire, je me rendis compte que moi (la personne assise dans son salon à regarder à télé) et moi l’âme qui ressent et expérimente la vie était 2 entités différentes, je ne suis pas mes pensées, je ne suis pas mon corps, alors qui-suis-je ?
Seuls les gens qui ont fait une telle expérience comprendrons de quoi je parle, pour le reste j’avais juste fait un bad trip ou une expérience de sortie de corp. Peu importe le nom ou la raison, cette nuit a marqué le début de cette extraordinaire aventure, tout n’est pas rose, je suis au début de mon expérience, mais putain ça fait du bien d’être enfin réveillée.