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Ma mère, la suite

J’avais déjà écrit un article sur ma mère dans le passé, et tout ce qu’y figure étais vrai pour moi à ce moment, mais pleins de choses ont changé depuis, j’ai changé depuis, et je me devais d’écrire un nouvel article pour la mise à jour de mon expérience.

Mon enfance est la même, ce que j’ai expérimenté et ressenti reste inchangé, la manière avec laquelle j’ai grandit a malheureusement gardé des séquelles que je subis toujours, mais après un grand travail sur moi, et la thérapie des schémas que je suis auprès de ma thérapeute, j’ai un regard nouveau sur mon expérience.

Le plus improbable c’est passé, lors d’un de mes appels avec ma mère qui commença comme d’habitude, à savoir ses constantes complaintes sur tout le monde, j’admets que je ne l’écoutais pas vraiment, j’avais mis l’appel en haut-parleur et laissé vider son sac, ses relations avec mon père et ma sœur sont au plus bas, et dans un moment de grande bravoure elle m’admet qu’elle a eu tord de porter un jugement sur ma sœur. Je suis sous le choc, car une personne narcissique n’est jamais capable d’admettre ses torts car elle est simplement incapable de les concevoir. J’y vois une lueur d’espoir, peut être j’avais fait le mauvais jugement, mon espoir me donne le courage, je me jette à l’eau, et après tant d’années de silence j’ose finalement l’affronter, lui expliquer l’étendu de mon ressenti, la gravité de mes complexes, je suis submergée par l’émotion, elle qui ne m’a jamais vu pleuré depuis mon jeune âge, m’entend exprimer mon regret pour le type de relation que nous entreprenions.

Pour la deuxième fois durant le même appel je suis sous le choc, ma mère ne s’est pas mise à la défensive, elle n’a pas renié en bloc tout ce que j’avançai, et au lieu de m’accuser d’être une fille ingrate pour mes propos, elle m’a simplement raconté son histoire. L’histoire de vie de ma mère comme je ne l’ai jamais entendue, elle m’a simplement ouvert son cœur pour la première fois. Je ne pourrais pas partager ces chapitres car ils ne m’appartiennent pas, mais l’étendue de ses souffrances et son vécu m’a pris au dépourvu, je me rends compte que je ne la connaissais pas vraiment, et que j’étais très injuste dans mon jugement.

Certes, ca n’enlève rien à mes souffrances, ça ne changera pas le passé, mais connaitre la raison derrière ses agissements me permet d’avoir de la compassion pour elle, personne n’a été la pour elle non plus, elle n’a pas eu la chance de s’enfuir  comme je l’ai fait, elle n’a pas eu accès à la thérapie comme moi, elle a son propre lot de traumas d’enfance qu’elle a dû trimballer pour le reste de sa vie, personne ne lui a appris ce que je sais maintenant, elle a simplement fait le mieux de ce qu’elle a pu avec le savoir qu’elle a eu. Elle a été surprise de la manière dont je me voyais moi-même, car pour elle je représentai tout ce qu’elle n’a pas pu accomplir. Vous ne pourrez pas imaginer l’étendue de ma surprise quand elle m’a finalement dit les mots que je voulais toujours entendre, elle m’a toujours aimé, à sa manière improbable, elle était très fière de la femme que je suis devenue, elle a voulu me préparer au cruel monde qu’elle a dû affronter, faire de moi une personne qui n’a besoin de personne pour réaliser ses rêves et objectifs.

Je suis heureuse d’annoncer que mes rapports avec ma mère vont mieux. Je l’appelle plus souvent et je prends le temps d’écouter ce qu’elle à dire. Mon seul regret est qu’elle refuse toujours de suivre une thérapie, j’essaie toujours de la convaincre en lui décrivant à quel point elle a pu m’aider, en attendant j’essaie de lui transmettre mon peu de savoir sur la vie et essayer de lui faire changer d’avis.

Après mon diagnostic pour le TDAH, j’ai essayé de l’éduquer sur le sujet, je la suspecte de l’avoir aussi même si chez elle il ne se manifeste pas de la même manière. Elle souffre également de troubles obsessives compulsives, elle passe ses journées à nettoyer, elle a horreur du désordre et la saleté, et vivre avec une famille plutôt bordélique dois être un vrai calvaire. Elle également une grande anxiété par rapport à l’avenir. Je sais qu’elle doit prendre la décision d’aller mieux, mais malheureusement nous ne pouvons pas forcer les gens à faire ce qu’ils ne veulent pas, j’espère alors pouvoir l’inspirer en montrant l’exemple, comme ça la nouvelle partie de sa vie pourra finalement commencer.

Pour finir je suis et je resterai la fille de ma mère, je choisi finalement de libérer la version d’elle que j’espérais avoir, et de l’accepter pour qui elle est. Elle est imparfaite, mais bien réelle. Parfois nous portons en nous sans le savoir les traumas de nos parents et ceux avant eux. Il faudra vous armer avec beaucoup de courage pour faire face à ces traumas générationnels, vous avez le choix, ça peut s’arrêter avec vous.

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