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Impossible de parler de ma vie sans évoquer une personne qui a joué un rôle assez important dans ma constitution, ma mère.

Je viens d’une culture arabe et musulmane qui nous apprends à idéaliser nos mamans, une maman n’a jamais tort, une maman est un ange qui marche sur terre et nous sommes dans l’obligation de la vénérer, j’aurais souhaité dire la même chose de la mienne, mais ça sera un mensonge. 

Je me suis toujours sentie différente car mes rapports à ma mère ne ressemblaient pas à ceux de mes amis, ou des gens autour de moi avec leurs mamans. Quand je repense à la mienne je ne suis pas submergée d’affection ou même de haine. Je ne lui en veux pas, mais en même temps je n’arrive pas à me connecter à elle, pour moi c’est une étrangère que je n’ai jamais réussi à approcher, après tant d’années et d’efforts de me faire aimer par elle, à un moment j’ai dû laissé tomber.

Ma mère est une perverse narcissique, deux termes que je ne m’imagine pas dans la même phrase, mais c’est la vérité. J’aurais souhaité qu’elle ne le soit pas, mais de me permettre finalement de l’admettre me ramène finalement un sentiment de paix, de savoir qu’il n’y avait rien de fondamentalement mal chez moi, que quoi que j’aie pu faire ou dire, le résultat aurait été le même. Il m’a fallu 35 ans de vie, d’expériences, de travail sur moi-même, de thérapie, de centaine de talk-shows, d’études sur la psychologie et le développement personnel, pour arriver à cette conclusion.

Je n’ai pas vraiment vécu de grandes tragédies, mais j’étais née dans un environnement toxique, mes parents n’aurai pas dû rester ensemble, il était question de garder la face, rester marier pour les enfants, donner l’image d’une famille « normale » et fonctionnelle. Se déchirer tous les jours avant d’aller se coucher pour oublier nos problèmes, puis se réveiller le lendemain et tout recommencer.

Pour ma mère tout était une question d’apparence. Pour elle, elle n’en demandait pas beaucoup à la vie, elle voulait juste une maison immaculée avec 4 enfants propres et obéissants. De l’extérieur nous ressemblions bien à ça, peu importe ce que nous ressentons à l’intérieur, ça n’avait pas d’importance. Pour moi ça a été plus dure que mes frères et sœur. Je suis sa grande fille, l’extension de son égo, il ne fallait surtout pas que j’aie ma propre personnalité, mes propres désires, ma propre perception, hors de question. Je n’existais que pour elle, pour ses besoins, ses désirs….

Après un moment je me rendis compte que quoi que je fasse, quoi que je dise, ça n’allait jamais être assez. Je m’étais effacée complètement pour être à son image, j’ai passé ses besoins avant les miens, j’ai développé de l’anxiété à force de toujours anticiper ses réactions improbables, explosives et injustifiés, je me suis détestée de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Son perfectionnisme est la petite voix à l’arrière de ma tête qui me critique à chaque fois que j’entreprends quelque chose « tu es vraiment bonne à rien », j’ai eu peur de faire quoi que ce soit de ma vie car j’avais toujours la peur ancrée de ne pas être assez.

Mon Shadow Work était de revenir à ces moments, à ces souffrances, retrouver la petite « alien » de 8 ans et la prendre dans mes bras, lui murmurer à l’oreille qu’elle est bien plus qu’assez, elle est juste exceptionnelle, elle n’avait pas à vivre sa vie dans l’ombre d’une autre personne, même s’il s’agit de sa mère, qu’elle est courageuse, qu’elle peut accomplir tout ce qu’elle désire, que ses sentiments sont valides, qu’elle a le droit de désirer le monde, et que le monde est à ses pieds, et qu’elle peut accomplir plus qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Nous ne sommes pas que le résultat de notre environnent, nous avons toujours le pouvoir de changer, d’être tout ce que nous avons envie d’être, la seule limite devant nous est nous-même.  Il était temps pour moi de sortir de ma mentalité de victime, de personne qui subit, certes je n’ai pas mérité ce que j’ai vécu en enfance, mais je peux être là pour moi-même, m’accepter et m’aimer comme j’aurais souhaité que ma mère m’aime, inconditionnellement, une fois qu’on réalise ce  pouvoir, plus rien ni personne ne peut se mettre sur notre chemin.

Alors reprenons notre vie en main, lisons, voyageons, faisons des rencontres intéressantes, essayons et puis échouons, aimons et soyons déçus, vivons ……

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