Le voyage est devenu une thérapie pour moi, le fait d’avoir dépassé les frontières de mon pays, a ouvert quelque chose en moi, au-delà de mes limites de perceptions, un peu comme voir comment une autre partie du monde voit le monde, c’était comme prendre un pas vers être une autre personne, ici je partagerai quelques anecdotes personnelles.
Mon tout premier voyage était vers la Belgique, j’avais pris un avion pour Paris pour une question administrative, j’avais un Visa français, et la première entrée devais être en France, de là je devais trouver un moyen de rejoindre Bruxelles. Comme chaque fois que je me retrouvais en dehors de ma zone de confort, j’était stressée, mais une douce sensation de bonheur m’envahi à l’idée de réaliser un de mes buts personnels, aller là ou personne de ma famille n’a encore jamais mis les pieds.
A mon arrivée j’était étonnée de réaliser que la vie est presque la même, comme si je m’attendais à me sentir différente, comme si l’air que je respire ici était sensé être différent, que le soleil qui effleure ma peau d’une autre manière, j’étais un peu déçue que ça ne soit pas le cas.
Trouver mon chemin dans la ville de lumière ne fut pas facile, mon trajet a coïncidé avec la journée mondiale de l’environnement, il était certes sympa d’utiliser gratuitement tous les moyens de transport possible et imaginaire, mais l’absence du staff ne m’a pas facilité les choses, gardez en tête que c’est 2015, mon smartphone n’avais pas de GPS, et demander mon chemin à des Parisiens pressés et embêtés par les touristes (dont je faisais malheureusement partie) frôlai le cliché. Je me suis retrouvé dans un bus, un RER et 2 métros avant de rejoindre la place de la chapelle ou j’étais sensé retrouver une correspondance pour Bruxelles.
Nous n’avons pas de métro au Maroc, même dans les grandes villes, alors même prendre ce tube souterrain relevai de l’aventure, mais j’avais quand même réussi à encore embêter les Parisiens en me mettant sur le mauvais côté de l’escalator, j’était approchée par des mendiants tout le temps, certains était des arabes qui m’avais repéré et dans ma confusion, je semblai une proie facile à leurs demandes.
Dans le 2ème métro j’étais seule à l’arrière, une armoire à glace s’est rapprochée de moi, avec son allure intimidante ma première pensée et qu’il allais m’agresser ou me draguer, que je me retrouve seule sans témoin allait me couter cher, mais il était juste un autre mendiant qui me demande de lui filer un euro ou deux, j’étais au bord des larmes, car en plus de ce foutu stresse, je n’arrivais pas à joindre mon ex-petit copain au téléphone, il étais sensé me chercher à l’aéroport, que j’aie changé les dates de mon vol sans son consentement l’avais agacé, car il est au boulot et ne pouvais pas ce libérer, alors je payais trop cher ma décision de venir un peu plus tôt.
Une fois arrivée à l’arrêt place de la chapelle, je me retrouve devant un grand escalier (pas d’escalator) pour rejoindre la rue, ma grande valise me semble bien trop lourde, et dans un moment de désespoir je pense à la laisser derrière moi, le chauffeur d’une des voitures qui font le trajet que je cherche me demande si je me rends à Bruxelles, je lui demande de venir m’aider, et comme un ange il vient à ma rescousse, une fois installée dans le siège avant, avec ma valise bien mise au coffre, je laisse finalement échapper mon stress et ma frustration, comme une gamine je me met à pleurer avec des gros sanglot, je suis seule dans un pays étranger, je suis fatiguée, affamée, et alarmée que mon copain ne m’aie pas encore contacté, pour encore compliquer les choses mon père m’appelle au téléphone, il n’est pas au courant de ma petite escapade, je fais de mon mieux de cacher mon malaise mais il réussit quand même à le détecter.
Il me reste encore 3 heures de route en voiture, je m’impatiente, c’était la partie la plus ennuyeuse, les autres occupants de la voitures étaient tous subsahariens comme le chauffeur, ils se parlaient dans un dialecte que ne pus déchiffrer, alors j’inspectais le paysage, une autoroute normale entourée d’arbres, je suis une nouvelle fois déçue, mon stresse augmente de manière exponentielle à notre approche de la frontière belgo-française, mon téléphone ne sonne toujours pas, je commence à imaginer le pire des scénarios, et si je retrouvais toute seule, F ne me tendrai pas un tel piège mais comment en avoir le cœur net tant qu’il ne m’aie pas encore contacté.
Ce qui me sembla comme une éternité plus tard, mon téléphone sonne finalement, F vient de finir ses réunions, il me rejoindra à la gare du midi (mon dernier point d’arrêt), je peux finalement respirer, et mon humeur s’améliore grandement, je prends part aux discussions autour de moi en français, et le trajet ne me semble plus si lourd.
A la gare du midi j’ai dû attendre un bon moment avant que F ne vienne finalement me récupérer, l’air du mois de mars était glacial, je suis au bout des nerfs mais aussi ravie de retrouver l’homme que j’aimais (à l’époque), le prendre dans mes bras et savourer notre retrouvaille après 3 mois de distance.
Le reste du trajet se passe sans grand incidents, que Bruxelles contienne une grande population de marocain ne m’a pas permis de vraiment me dépayser, mais je profite quand même de l’occasion de visiter la ville et profiter de sa culture. Pouvoir explorer directement une autre culture m’a mis sur ce chemin, j’ai voulu apprendre d’autres langues, faire d’autres voyages, et explorer plus de culture qui m’était étrangère. Je pense que ma personnalité a positivement été altéré par toutes les aventures que j’ai faites, toutes les personnes rencontrés, et toutes les folie vécues.