Aujourd’hui je me décide finalement à écrire un nouvel article, après des longs mois d’interruption, je me suis décidée de mettre de coté ma honte pour ne pas voir été aussi disciplinée que je l’aurais souhaité, et finalement mettre sur cette page blanche mes idée telles qu’elles me viennent, sans jugement et sans trop chercher à les interpréter.
Je vais mal, la vie m’a encore mis un sacré coup dans le bide, j’ai rechuté : j’ai eu un autre épisode maniaque dans lequel j’étais emportée par une folle euphorie. Rien ni personne ne pouvait se mettre dans mon chemin, j’étais capable d’entreprendre tout ce que je pouvais être, et c’est normal, j’étais finalement connectée à cette conscience au-delà de mon être, de mes limites physiques et géographiques, j’avais finalement accès à toutes les ressources dont j’avais besoin, et comme mon dernier burnout, j’ai dû être admise d’urgence à l’hôpital psychiatrique. Pas de clinique privée cette fois, l’hôpital public de Rabat devra faire l’affaire, et comme la dernière fois, j’ai fini attachée de force à un lit qui sens la pisse de chat, entouré de murs avec des taches qui me rappellent de la merde (j’ai pas osé vérifier), et cette fois j’ai eu une autre personne avec moi dans la chambre, je ne saurais dire de quelle nationalité elle était, nos délires se sont synchronisé par moments et nous avons échangé quelques mots en un anglais cassé, parlant de série télé ou de foot. Deux âmes tourmentées dans deux corps différents, partageant le temps d’une nuit cette souffrance inconnue pour une grande majorité des vivants, le mal-être de cette existence.
Le plus dur pour moi étais la souffrance de mon père, je pouvais voir clairement le poids des problèmes qu’il portait sur son corps frêle et squelettique, et l’inquiétude de mon petit frère qui a dû interrompre ses études pour venir prendre soin de moi. Même maintenant je ressens sa paranoïa me concernant, il craint que je sois si déprimée que je risque de mettre fin à mes jours, et même si je n’en suis pas là, et que je comprends leurs inquiétudes, je ne peux m’empêcher de ressentir cette honte familière quand je suis au plus bas, et que j’aie besoin des autres pour prendre soin de moi.
J’ai consulté un nouveau psychiatre qui me rapporte un nouveau diagnostic, la nouvelle me tombe dessus comme un coup de foudre sur un rocher, je m’éparpille en une centaine de petits morceaux : je suis bipolaire.
Pour donner ma définition exacte, je suis bipolaire, HPI et souffrant d’un TDAH combiné. Ça fait beaucoup de chose d’un coup. Certains diraient qu’il ne faut pas chercher à se mettre dans des cases, mais comment remédier à mon mal-être si je ne sais pas exactement de quoi je souffre. J’avais à peine fait la paix avec mon dernier diagnostic, et là je dois tout recommencer à nouveau ?
Alors oui, je vais mal, j’admets que je n’en connais pas trop sur la bipolarité, mais dans ma tête je la vois comme si mon corps était une partie d’échec, et les joueuses sont à l’antipode l’une de l’autre. L’une d’elles ressemble à Icare, trop confiante qu’elle veut toucher le soleil, sans se rendre compte que ses ailles improvisées risquent de fondre tout en me menant à ma fin. Et l’autre est comme la sorcière de blanche neige, dans sa jalousie elle me procure la pomme ensorcelée qui me garde prisonnière de mon cercueil en verre. Et me voila telle une spectatrice de leurs plans me regardant, incapable de faire un seul pas car peu importe qui gagnera, moi j’y perds tout.
Là vous avez l’image en entier, j’essaie de rester positive, je me suis engagée à respecter mon traitement à la lettre, et continuer à consulter mon médecin, mais je ne vous cache pas que je suis vraiment perdue, seul l’avenir me dira comment ça va évoluer. Mais je reste optimiste car j’ai décidé de reprendre un de mes rêves les plus chéri et le plus précieux, une école m’a contacté pour poursuivre un master, peut être que si j’oriente mes obsessions vers une addiction positive, je pourrai finalement réussir à faire face et ne plus tourner en ronds comme un hamster sur sa roue, seul l’avenir me le dira, alors je vais faire de mon mieux, je ne peux pas faire plus que mon mieux de toute façon.